Il y a deux ans (en 2017), j’ai commencé à parrainer des détenus à Vottem. Cela faisait des années que je participais aux manifs mais j’avais envie de proposer quelques choses de plus. Depuis le début, je me suis dit que ces visites n’étaient en rien une solution, qu’elles n’étaient pas une réponse politique à l’injustice que représentent ces camps. La démarche de visite est plutôt une démarche d’urgence. Il s’agit d’essayer de rendre un peu plus vivable une situation intolérable. Situation contre laquelle, il me faut me battre dans d’autres engagements, politiques ceux là.
Je me suis demandé si je pouvais proposer quelque chose de valable, d’intéressant pour les détenus. Je n’ai pas particulièrement de capacité relationnelle, je ne suis pas souvent libre en journée et je n’ai pas beaucoup de possibilité de contacter des avocats ou des associations en journée.
Du coup, dès mon premier parrainage, je l’ai jouė honnêtement. J’ai dit lors de mon premier entretien dans le parloir 2 : « moi, ce que je peux vous proposer c’est de rendre votre quotidien un peu moins pénible, moins interminable ».
Du coup, tour à tour, je propose des livres (en français, anglais ou arabe) que je chope à 1 euro sur des brocantes ( je me fais une petite réserve d’avance). Je trouve des magasines suivant leurs intérêts ( foot en coupe d’Afrique, cinéma, actu). J’ai aussi apporté un petit lecteur mp3 ( attention jamais de caméra) avec des musiques demandées par le détenus et une petite sélection perso. J’imagine que ça rythme un peu le quotidien et puis ça crée d’abord des sujets de conversation, puis des liens. C’est important, à mon sens, que des détenus ressentent que dehors, à Liège, ville qu’ils ne connaissent généralement pas du tout, y a des gens qui trouvent tout à fait intolérable qu’ils soient derrière des barreaux et qui prennent un peu de temps pour eux.
J’essaie aussi de trouver des fringues, toujours en brocante. Comme ils se font souvent choper en pleine rue, sans préparation aucune…ils manquent souvent de tout. Alors, au changement de saison, on trouve un short, des t shirts ou bien plutôt des chaussures hautes ou un gros pull.
J’ai trouvé une paire de pompe 41 pour un gars qui fut finalement libéré, reparti pour un centre ouvert en Allemagne. Il a retenté sa chance pour l’angleterre. J’ai reçu un wattsap de lui peu de temps après. Tout sourire, mes pompes aux pieds, en Angleterre.Je ne suis pas du tout persuadé que l’angleterre est le meilleur plan. Mais il avait besoin de pompe 41.
S. parrain
Pour moi c’est ça le parrainage.
Appel à des visiteuses et visiteurs pour les détenus au centre fermé pour étrangers de Vottem
Parmi les « résidents » à Vottem, comme on les appelle officiellement, pour cacher le fait qu’ils sont victimes d’une détention illégitime, beaucoup ont besoin d’un soutien, d’une visite :
- Il y a ceux qui ne sont pas depuis longtemps en Belgique, et ne connaissent personne
- Il y a ceux qui sont là depuis longtemps, sans avoir obtenu de titre de séjour, et dont la famille, les amis ne peuvent rendre visite, car ils n’ont pas de titre de séjour eux non plus
- Il y a ceux qui ont des proches en Belgique, mais qui sont bien loin, à Anvers, à Ostende, à Tournai… et ne peuvent pas venir souvent
- Il y a ceux…
Individuellement ou a plusieurs, vous pouvez « parrainer» un détenu par des visites régulières, des communications téléphoniques, par échange de courrier.
Les attentes sont diverses : un soutien moral, amical, un suivi du dossier auprès de l’avocat, des recherches par rapport à ce suivi, des contacts avec la famille… Un petit apport pour améliorer le quotidien : un journal, un livre, des musiques sur un lecteur mp3, du tabac,…
Les visiteurs et visiteuses sont en lien direct avec nous, et nous sommes là pour gérer avec vous toutes les demandes, si nécessaire, qu’il s’agisse d’un suivi juridique ou d’une aide matérielle. Mais le principal, c’est la présence, d’aller rendre visite, et d’être là, à l’écoute, avec empathie, solidarité…
Concrètement, les visites se font toutes les après-midi, sur rendez-vous, pendant une heure. Il faut avoir obtenu la réponse positive à une demande d’autorisation. Souvent, les parrains rendent visite une fois par semaine. Plus ou moins…, à chacun de définir sa disponibilité, tant en ce qui concerne les visites que les appels téléphoniques, les apports matériels, le temps pour des démarches etc. .
Chacun(e) fait ce qu’il peut !
Concrètement, comment ça se passe ?
- Le CRACPE vous donne le nom et le numéro de téléphone d’une personne. Appelez-la pour un premier contact
- Le résident doit demander à Vottem l’autorisation de visite en donnant votre nom. La direction lui répond dans la journée.
- Les visites sont possibles sur rendez-vous 7j/7 de 12h à 17h. Elles durent maximum 1 heure et débute à l’heure pile. (arrivez un peu avant car on ne part chercher les personnes dans leur section que quand vous êtes là) Prendre rendez-vous au 04 228 89 00
- On ne peut apporter ni nourriture ni boisson, mais c’est parfois bien d’avoir un peu de monnaie pour offrir une consommation achetée à un distributeur sur place. On peut apporter des recharges téléphoniques pour les gsm –autorisés maintenant- . Ok aussi pour livres, revues, vêtements, CD… S’il y avait une demande à laquelle vous ne pouvez répondre, si minime soit-elle, nous contacter.
- Les visites sont surtout un soutien moral, très important. Parfois les personnes vous demandent aussi de contacter leur avocat, leur famille… Si besoin, nous contacter également, par exemple, quand il y a, cela arrive parfois, demande de contact avec des associations, la presse…
- Comment nous contacter : par courriel cracpe@skynet.be, par téléphone à notre permanence du lundi au vendredi 04 232 01 04 de 14h30 à 16H00 ou par gsm France Arets 0497 54 24 33. N’hésitez pas à nous appeler si vous vous posez la moindre question.
- En cas de menace d’expulsion, si nous sommes prévenus du jour et de la destination, nous pouvons réagir : envoi de fax et mails aux compagnies aériennes concernées et éventuellement présence à l’aéroport pour sensibiliser les passagers du vol concerné..
En fait, il faut dire aux détenus que lors de la première tentative d’expulsion ; ils ont généralement le droit de refuser. Il y aura escorte à partir de la 2e. Lorsque vous nous prévenez il est important de nous dire si c’est la 1e ou la 2e etc. tentative pour que nous décidions des démarches à faire. Dans tous les cas, nous envoyons les fax ou courriels, mais la présence à l’aéroport s’organise au cas par cas.
Il faut savoir également que lorsque quelqu’un refuse une expulsion et est ramené au centre, il y a « ré-écrou », le comptage pour la détention reprend à zéro ; c’est comme ça que certains dépassent les 5 mois de détention prévus par la loi !
- Vous aurez pu constater que nous insistons sur la rapidité des démarches. Il faut se rendre compte que pour les personnes enfermées, le temps n’a pas le même rythme que pour nous. Il est constitué d’attentes surtout, et le.a visiteur.euse fait partie de ces attentes. Si vous n’êtes pas disponible à un moment ou l’autre, ce qui nous arrive à chacun, mieux vaut nous le dire et reprendre une visite plus tard.
Ceci ne veut pas dire que le rythme des visites doit être élevé, beaucoup choisissent d’aller à Vottem une fois par semaine, ou parfois rapprochent ou espacent des visites ; l’important est que la personne que vous allez voir sache à quoi s’attendre. - En vous remerciant beaucoup de votre engagement solidaire !
Le CRACPE.